Portraits de gens d’ici : Dominique Rondot, agriculteur animateur

Une ferme, des animaux, des paysages et un personnage. C’est avec une énergie positive et engagée que Dominique transmet sa passion. Son crédo : la simplicité, la nature, les bêtes… la vraie vie ! Rencontrer Dominique c’est prendre une bonne dose de conscience pour apprécier les choses simples de la vie. Voici son portrait dans la série “portrait de gens d’ici”.

Mixer l’élevage et l’animation

J’ai recréé la ferme en 1997. La ferme en tant que tel, c’était petit, avec une vingtaine d’hectares de terrain, cela aurait été un peu difficile de redémarrer une activité de production laitière. J’ai toujours été dans l’animation, j’ai été animateur puis directeur de centre de vacances. Si bien que le projet de recréer la ferme, ça a été de mixer l’élevage et l’animation.

L’activité d’élevage porte plutôt sur la production de viande de veau. Je vends aussi quelques bêtes en race à viande pour la viande de bœuf. Sinon, j’ai des cochons, des moutons, des chèvres, des poules, des lapins, tous les animaux de la ferme. La particularité de cette ferme aussi, c’est qu’en race bovine, je suis en multi-races, c’est un troupeau multiracial, multicolore.

Je suis aussi maire de la commune du Barboux. Le fait de développer mon village, le fait de participer très modestement au développement de la communauté de communes sont des actions qui m’animent. J’ai aussi une activité de gite de groupe, où je participe aussi au rayonnement du Pays Horloger, à travers ces activités davantage liées au tourisme et qui sont totalement différentes de l’accueil de scolaires.

Une histoire permanente d’aventures

Ma vie est extrêmement rythmée, entre les animations, la vie de la ferme, parce qu’il y a quand même toutes les bêtes à gérer, à dorloter. Quand j’ai un groupe qui arrive, forcément j’ai le sourire, j’ai le sourire quasiment tout le temps. Ma vie me plaît.

C’est vraiment une histoire permanente d’aventures diverses et variées. Ici nous avons fait le choix de ne pas avoir la télévision, mais, je ne veux pas dire tous les jours, mais régulièrement je me dis, que je n’ai pas besoin de télé. On vit tellement de choses avec nos publics qui passent ici, que ce soit les enfants, que ce soit les gens qui viennent au gite. On vit des aventures permanentes, on vit des tranches de vie qui sont formidables. Ensuite avec les animaux, c’est pareil, il y a toujours quelque chose qui se passe.

De 1 an et demi à 90 ans

J’accueille sur cette ferme absolument tout type de public. Les plus petits enfants, viennent des crèches, ils ont de 1 an et demi à 2 ans. Pour les personnes les plus âgées, ça va jusqu’à 90 ans. On accueille des écoles de la région, de Strasbourg, de Paris, de Lyon, de Suisse, de tout milieu. Lors d’une journée type d’accueil à la ferme, tout est parfaitement orchestré. Je démarre par la présentation des gens et des animaux que les enfants et les adultes vont rencontrer, je présente le programme de la journée et on démarre.

Une ambiance de cathédrale

Au moment où les enfants, les adultes vont rentrer dans l’étable pour faire connaissance avec les bêtes, sans un bruit, sans un mot, sur fond de musique classique, c’est un moment qui est assez magique. 8 fois sur 10, c’est hyper vibrant. On a l’impression de rentrer dans une cathédrale. Les gens sont frappés de l’ambiance qu’on peut découvrir dans l’étable du fait qu’il y ait le grand silence.

J’ai beaucoup d’animaux qui vivent en liberté et en parfaite harmonie. Entre les ânes, le cochon qui vient nous voir, très calmement, très paisiblement. Les poules qui chantent pour nous prévenir qu’elles ont pondu leurs œufs. Ensuite, j’ai les chèvres qui vivent aussi en liberté, j’ai un agneau parfois qui vient nous faire un petit coucou…

Le sourire jusqu’aux oreilles

Ensuite, on apprend les noms des animaux, les enfants vont les caresser et leur faire, comme j’aime bien dire, des énormes câlins. On va faire un petit tour dans les champs à la découverte des fleurs. Après le pique-nique, on découvre comment la vache fabrique le lait. Chaque enfant va se présenter à la vache, et va goûter le lait. Ils vont aussi récolter de l’herbe ou des feuilles de frêne, qu’ils viennent ensuite très paisiblement redistribuer aux animaux. On termine l’après-midi par le goûter : pâtisseries et sirop.

Les gâteaux sont fabriqués par ma maman depuis très longtemps, c’est toujours un cake au noix. Elle en a fabriqué pour peut-être 15 ou 20 000 personnes depuis 1997. Ce sont toujours les mêmes cakes au noix, délicieux, succulents. Les sirops sont ceux que je fabrique : sirop de menthe, sirop de sureau, de rhubarbe.

Les enfants repartent avec le sourire jusqu’aux oreilles, des images plein la tête et des connaissances nouvelles. Quand j’ai des adultes, c’est le même programme, c’est le même protocole d’entrée, c’est le même type d’animation.

Une simplicité hors normes

Le contact entre les enfants ou adultes avec les animaux, c’est frappant. Je ne suis pas spécialiste, je n’ai pas forcément les termes techniques, mais je le vois, je le ressens. Quand des enfants entrent dans l’étable qu’ils sont un peu excités, un petit peu perturbés, et que deux heures après, je les vois caresser les animaux complètement apaisés avec un autre regard, c’est magique. Et pour les adultes, c’est pareil, j’accueille aussi beaucoup d’adultes en situation de handicap, c’est absolument fabuleux. Et encore une fois, c’est d’une simplicité hors normes.

Je n’ai rien, enfin j’ai mon discours, ma personnalité, que je pense assez entière, ma passion que j’essaie de faire partager, mes idées, mes convictions, que j’essaie aussi de faire passer de façon assez énergique, et ensuite il y a ces bêtes. Les bêtes qui sont là, qui n’ont pas d’avis particulier sur quoi que ce soit, qui sont neutres sur beaucoup de choses, qui attendent des caresses, des câlins, qui attendent de la nourriture, les choses simples de la vie, de l’amour et du partage, et de la nourriture.

D’ailleurs, on est bien placés pour en parler dans notre pays horloger avec l’ensemble des mets succulents que l’on peut offrir à nos visiteurs.

Tranche de vie apaisée

Venir vivre une tranche de vie apaisée, c’est le message que j’ai envie de faire passer. On a la chance d’avoir des paysages extrêmement protégés, des paysages ultra variés, et d’avoir une agriculture dynamique. Ce n’est pas la surpopulation, on n’a pas des grands centres urbains, donc on est vraiment dans un milieu apaisé. Venir vivre un moment tranquille, un moment paisible, et j’insiste beaucoup aussi sur la déconnexion. C’est très à la mode de dire de se déconnecter, mais c’est quand même une foutue réalité. Arriver un moment donné à décrocher entre autres des écrans et de se reposer, et de revivre l’essentiel. Écouter un oiseau, regarder une vache qui déguste son herbe, se promener, se poser tranquille. Et je pense que c’est vraiment essentiel pour se retrouver les pieds sur terre, avancer dans le bon sens au niveau de notre fonctionnement, du vivre-ensemble, de l’évolution de la société en général.

La terre, l’outil de travail sur lequel il faut se recentrer

L’agriculture ne peut pas être dissociée de l’outil de travail qui est le sol. Avant le tracteur, avant le matériel agricole, qui est rutilent dans notre région, y compris chez moi, il y a la terre, il y a le sol. Il y a les fleurs, les paysages, les dolines, les affleurements rocheux, qui peuvent parfois être un peu enquiquinants pour une faucheuse, mais qui sont essentiels pour la diversité, pour toute cette chaîne de vie que nous avons autour de nous. Il faudrait vraiment se recentrer sur le sol, sur la terre. On vient de la terre, surtout par les temps qui courent avec les évolutions climatiques, on doit tous s’y mettre et la respecter à 200%.

Ici c’est la vraie vie !

Je ne veux pas passer pour le rêveur moyen, mais on est déjà quand même dans quelque chose qui est bien. On peut toujours faire mieux, mais je crois qu’on peut déjà se satisfaire largement de ce que l’on a ici, de ce que font tous les partenaires, que ce soit liés au tourisme, à l’agriculture, même si là aussi au niveau agricole, je pense qu’il y a vraiment des efforts à faire aussi dans la gestion des paysages, dans la protection, c’est quand même essentiel, la protection de l’environnement. Alors comment je rêve le pays horloger ? Peut-être d’avoir plus de fermes pédagogiques, pour ouvrir nos vies, ouvrir nos fermes, ouvrir nos paysages, à l’accueil du public et faire partager encore plus la simplicité de nos vies ici, la vraie vie. La vraie vie s’invente ici, chez nous.

Série « portraits de gens d’ici »

Retrouvez davantage de portraits de passionnés, habitants le Pays Horloger, qui partagent un peu de leur vie. Car avant d’être une destination touristique, le Pays Horloger est un territoire vivant, vibrant. Ces femmes et ces hommes sont le Pays Horloger tout autant que nos sites naturels incontournables ! Rencontrez-les !